Bientôt du colza comestible pour les humains ?
Utilisées pour l’alimentation animale, les protéines de graines de colza ne sont pas consommées par les humains à cause des glucosinolates. Seule son huile l'est. Une découverte de chercheurs danois pourrait changer la donne.
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Principalement cultivé en Europe pour l'huile et le tourteau, le colza est intéressant pour sa forte teneur en protéines dans ses graines et pour les propriétés de son huile. Cependant, à l’exception de l’huile, son usage est réservé à l’alimentation animale, à cause de son goût amer et de la dangerosité de cette plante pour la santé humaine. Mais une équipe de scientifiques a annoncé il y a quelques mois avoir réussi à éliminer les substances responsables de ces désagréments, ouvrant la voie à un colza comestible pour les humains.
Un système de défense
Les plantes de la famille des crucifères, à laquelle appartient le colza, produisent en effet des glucosinolates. Ces substances permettent aux plantes de se défendre contre diverses agressions, par exemple des insectes. Mais elles confèrent aux végétaux une saveur piquante ou amère parfois appréciée et recherchée, comme pour la moutarde. Certains glucosinolates, comme ceux contenus dans la moutarde, ou encore le brocoli, sont sains pour la consommation humaine. Mais ce n’est pas le cas de ceux contenus dans les graines de colza. Et, si le tourteau de colza est utilisé comme nourriture pour les animaux d’élevage, son utilisation reste limitée pour les porcs et les poulets pour les mêmes raisons, malgré sa teneur en protéines de 30 à 40 %.
Éliminer l'amertume dans les graines
Ces substances sont au cœur du travail d’une équipe de chercheurs danois depuis une dizaine d’années. En avril de cette année, ils ont publié leurs travaux dans la prestigieuse revue scientifique Science. Ils sont parvenus éliminer les substances responsables de l’amertume chez Arabidopsis thaliana, une plante modèle très proche du colza.
En étudiant la plante, ils ont identifié trois protéines responsables de l’accumulation de glucosinolates dans les graines et sont parvenus à les supprimer. Les substances défensives restent dans toutes les autres parties de la plante, lui permettant de continuer à se défendre, mais pas dans les graines. La prochaine étape consiste à transférer les résultats au colza. « Nous poursuivons activement notre travail. Nous pensons que la transition verte des protéines animales aux protéines végétales destinées à la consommation humaine et l’exploitation des tourteaux de colza a beaucoup de potentiel », explique Barbara Ann Halkier, biologiste à l’université de Copenhague ayant conduit les travaux.
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